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Le grand orgue de l’église Notre-Dame restauré

Des milliers de pièces ont été démontées, restaurées et réinstallées dans l’église.

Plongez dans les coulisses des dernières étapes de ce chantier colossal

Depuis la fin du mois de septembre, le grand orgue Duruflé a entièrement retrouvé sa place dans l’église Notre-Dame de Louviers après une restauration totale qui aura duré trois ans. Visite dans les coulisses d’un chantier spectaculaire.

« C’est un orgue très intéressant » s’exclame Stéphane Robert en disparaissant dans l’étroit escalier en colimaçon qui mène en haut de l’église, au chevet du Grand orgue Duruflé. Facteur d’orgues depuis 40 ans, le Loirain a déjà œuvré sur deux autres orgues signés John Abbey. Acheté par la Ville de Louviers à l’abbaye de Bonport après la Révolution française, cet orgue du XVe siècle a bénéficié de l’installation de nouveaux jeux par le célèbre facteur anglais au XIXe siècle : « C’est une période où les orgues se développent en même temps que les œuvres symphoniques et harmoniques » précise Stéphane Robert en reprenant son souffle en haut des marches.

Des milliers de pièces

La visite commence dans la petite salle attenante à l’orgue Duruflé où s’accumulent les outils et certains morceaux de l’orgue, mais surtout où a été installé un moteur flambant neuf : « Nous avons conservé les pompes pour le patrimoine » précise Stéphane Robert en désignant deux petites plaquettes en bois sur le côté de l’instrument qui permettaient au « pompeur » d’alimenter l’orgue en air à la sueur de son front. Aujourd’hui, c’est le moteur qui alimente « les primaires » en vent. Ces réservoirs se gonflent comme des soufflets et redistribuent l’air dans des réservoirs secondaires via des « porte-vents ».

Stéphane Robert, facteur d’orgue en charge de la restauration du grand orgue de l’église Notre-Dame.

Ce jour de juillet, les artisans de la manufacture d’orgue Robert frères sont justement en train d’en assurer l’étanchéité avec y collant des bandelettes en peau de mouton. Depuis le mois de mai, ils sont en moyenne cinq à travailler chaque jour au remontage de l’orgue et de ses milliers d’éléments et ceux sur trois étages et plus de 5 mètres de haut : « Le premier niveau est consacré au vent et à la mécanique de console, ensuite il y a les sommiers, « la pièce maîtresse » qui distribue l’air dans les tuyaux, puis les vergettes qui vont actionner le mécanisme qui permet d’ouvrir les bons tuyaux.

Trois mois et demi d’harmonie

« Après le démontage, en novembre 2021, il ne restait plus que le cadre en bois » détaille Stéphane Robert. Chacun des 2884 tuyaux a été nettoyé et repeint, les touches du clavier ont été restaurées, idem pour les soufflets, réglettes et vergettes : « C’est un orgue compliqué de conception qui a connu de nombreuses transformations récentes afin d’y ajouter de nouveaux jeux, même s’il était déjà complet » précise Stéphane Robert qui a connu des facteurs d’orgue ayant travaillé avec Maurice Duruflé.


Une fois que chaque élément aura regagné son emplacement, ce sera au tour de l’harmoniste d’entrer
en scène : « Il faut environ un jour et demi par jeu, il y en a une cinquantaine » annonce Stéphane Robert qui espère que les premières notes résonneront à Noël, après plus de 30 ans de silence. Un moment qui sera forcément exceptionnel car malgré ses cinq siècles d’existence, c’est la première fois que le grand orgue sera en mesure de jouer l’ensemble de ses jeux avec la puissance nécessaire. « En restaurant le grand orgue Duruflé, nous souhaitons faire vivre ce lieu emblématique qu’est l’église Notre-Dame en dehors des moments de culte » conclut François-Xavier Priollaud, maire de Louviers.