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Cérémonie du 11 novembre 2018

Discours de M. François-Xavier PRIOLLAUD

Maire de Louviers
Vice-Président de la Région Normandie

Dimanche 11 novembre 2018
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Seul le prononcé fait foi

Madame la Vice-présidente du Conseil départemental,
Monsieur le Conseiller départemental,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs représentant les Autorités civiles et militaires,
Madame et Messieurs les Présidents d’associations patriotiques,
Madame et Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs de l’EPIDE,
Messieurs les jeunes sapeurs-pompiers volontaires,
Mesdames et Messieurs élèves et professeurs des collèges Ferdinand Buisson et du Hamelet,
Mesdames et Messieurs,

Un siècle s’est écoulé. L’armistice signé le 11 novembre 1918 met fin à l’un des conflits le plus meurtrier de notre histoire. Le XXe siècle est né avec la 1ère guerre mondiale. Cent ans après la fin de la guerre, c’est d’une certaine façon aujourd’hui que le XXe siècle rejoint les livres d’Histoire.

Commémorer le centenaire de la « Grande guerre », c’est se souvenir de l’une des périodes les plus douloureuses du monde contemporain, et de notre pays en particulier, marqué dans sa chair et dans son cœur par les stigmates de très grandes souffrances. Plus de 8 millions de Français – un cinquième de la population – furent appelés sous les drapeaux. 1 million quatre cent mille y sont morts, ce qui a représenté 27% des hommes entre 18 et 27 ans. Une génération entière a été décimée si bien que la guerre de 1914-1918 est venue affecter en profondeur la société française. Toutes les familles ou presque ont perdu un des leurs, voire plusieurs, pendant ce conflit.

Des centaines de milliers ont été blessés «gueules cassées», amputés, brûlés, gazés, porteront toute au long de leur vie la marque indélébile de l’épreuve.

Et pourtant, ils étaient partis la fleur au fusil. La guerre devait être courte pour ces mobilisés de l’an 14, heureux d’aller reprendre l’Alsace et la Lorraine et de venger leur pays de l’humiliation de 1870. Comme ils ignoraient la peur ! Mais la prolongation de la guerre est venue exiger sans cesse de nouvelles levées d’hommes pour combler les vides laissés par les morts et les blessés. Les mobilisés de 1914 demeureront ainsi plus de quatre ans sous les drapeaux.

En ce 11 novembre, nous nous souvenons de l’immense souffrance de nos aïeux envoyés par milliers conquérir des morceaux de collines, des bouts de paysage, des lopins de terre éventrés. Le souvenir de la Grande Guerre ne s’est jamais effacé, il est présent dans chaque village, dans chaque ville, parce qu’il n’y a pas de commune en France où un monument aux morts n’ait été érigé, parce qu’il n’y a pas de commune en France où il n’y ait pas eu de victimes de la Première Guerre mondiale.  Et je veux en cet instant saluer l’action remarquable menée par le Souvenir Français pour l’entretien des tombes de nos soldats morts au front.

Mesdames et Messieurs,

La Normandie fut une grande pourvoyeuse de fantassins et aussi, dans une moindre mesure, de cavaliers. Les régiments d’infanterie normands ont été engagés dans les pires batailles de la Grande Guerre : celles des frontières, de la Marne, la Course à la Mer, Ypres, l’Artois, la Champagne, Verdun, le Chemin des Dames, pour n’en citer que quelques-unes.

Louviers et ses environs payèrent un lourd tribut humain. 1 200 Lovériens furent mobilisés à compter de ce 1er août 1914 lorsqu’à 16h20 le maire de l’époque, Raoul Thorel, reçut le télégramme officiel émanant du ministère de la Guerre. Appelés à rejoindre le front, les Lovériens accourent « le cœur angoissé » comme relate le journal L’industriel de Louviers. Pendant ces quatre années de guerre, ils vont se battre pour leur patrie et pour la République. 352 ne reviendront jamais, à l’instar du capitaine Adrien Breton, fils de l’industriel Paul Breton, « mort en brave » à la tête de ses hommes, le 23 juin 1916, au cours de la bataille de Verdun.

« Verdun, le cœur de la France » pour reprendre les mots de l’Empereur Guillaume II. Cette France, qui s’est, tant bien que mal, efforcée de survivre alors que la guerre faisait rage.

Pendant que les hommes étaient au front, le pays tout entier souffrait, luttait, tenait, malgré les privations et les destructions. C’est le peuple sans armes qui, en assurant le fonctionnement de l’économie, a aussi permis la victoire. Et dans ce peuple, les femmes, par leur labeur, leur engagement, leur vaillance apportèrent une contribution essentielle à la conduite de la guerre. Sans elles, notre pays se serait peut-être effondré ; en tous cas, les écoles auraient été abandonnées ; les champs n’auraient pas été moissonnés ; les usines auraient fermé.

À Louviers comme ailleurs, le temps ne s’est pas arrêté pendant le conflit. Notre ville a largement participé à l’effort de guerre notamment à travers l’accueil des réfugiés venus de Belgique ou des départements occupés. Et alors que les difficultés d’approvisionnement provoquèrent une flambée des prix, le maire de l’époque fit appel à la solidarité et à l’humanité des commerçants pour freiner l’augmentation des prix, en particulier du pain.

Mesdames et Messieurs,

1918 – le 11 novembre 1918 – marque la fin de la guerre. Tout s’est précipité à la vitesse de l’éclair et l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique aura été décisive. Car jusqu’en juillet 1918, les Allemands pensaient pouvoir l’emporter. Mais Foch avait raison : le simple fait d’accepter l’idée d’une défaite, c’était déjà être vaincu. Et il déclarera aux armées, le 12 novembre 1918 : « Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire et sauvé la cause la plus sacrée, la liberté du monde ».

Et pourtant, nous connaissons la suite de l’Histoire. La grande guerre, devait être la Der des Der. Il n’en a rien été.

Le traité de Versailles signé le 28 juin 1919 fut la plus magistrale erreur de paix que nous ayons commise. L’Allemagne paiera disaient-ils. Cette humiliation, nous le savons, conduira à la seconde guerre mondiale, à la barbarie et aux totalitarismes.

Si Clémenceau nous rappelle qu’il est plus facile de faire la guerre que de faire la paix, construire une paix durable reste une ambition toujours inachevée.

Le souvenir et les lieux de mémoires participent à cet idéal de paix. Les commémorations ne doivent pas nous diviser. Bien au contraire, elles doivent nous rassembler, être le ciment de notre unité. Nous ne commérons pas uniquement pour nous souvenir. Nous commémorons pour comprendre le présent à la lumière du passé. Nous commémorons pour préparer l’avenir sans répéter les erreurs de l’Histoire. Nous commémorons pour transmettre une part de notre identité.

Je lisais récemment un entretien de l’Historien Pierre Nora qui expliquait quelque chose de très juste ; il disait : « Pour comprendre 14-18, l’obstacle le plus difficile est que nous vivons dans une société où l’individu prime la conscience du collectif, alors que, à l’époque, le collectif national dépassait la conscience de l’individu. L’historien est obligé de reconstruire le socle même où a pu naître un sentiment aujourd’hui difficile à comprendre: les soldats de la Grande Guerre acceptaient l’idée de mourir pour la patrie. Ils pensaient que leur mort avait un sens ».

Mesdames et Messieurs,

Les Poilus de la Grande guerre ne sont pas morts pour rien. Leur sacrifice nous oblige et contribue à forger notre conscience historique. Tout ceci n’a pas servi à rien et doit plus que jamais faire de nous tous, en vérité de chacun, des artisans inlassables du progrès, de la paix et de la liberté.

Vive la République !
Vive l’Europe !
Vive la France !

Discours de M. Jean-Pierre DUVÉRÉ

Souvenons-nous devant ce Monument aux Morts de ces évènements terribles que plus aucun témoin ne peut nous rapporter.

Les noms des Lovériens gravés « Salle des Plaques », nous rappellent l’ampleur du sacrifice de cette génération du feu.

Nous venons de déposer des Gerbes au Carré Militaire 1914/1918 au cimetière au pied du Monument aux Morts, mais ce monument n’est cependant qu’un infime témoignage de l’ensemble de la souffrance vécue et ces noms nous rappellent qu’il n’y a pas plus grand sacrifice, et l’actualité vient de nous le rappeler récemment, que celui de donner sa vie pour les autres.

Qui étaient-ils ces soldats qui sont tombés ?
Les anciens combattants, survivants de ce carnage, ne sont plus là pour raconter ce qui s’est passé. Mais s’ils pouvaient encore aujourd’hui témoigner, ils pourraient nous rappeler à tour de rôle les quatre longues années de lutte qu’ils ont affronté.
Ils auraient essayé peut-être de nous faire comprendre, de nous faire ressentir ce qu’est la peur, la souffrance sous les « orages d’acier ».

Maurice Genevoix, le plus grand témoin de la bataille des Eparges parlait de la détresse et de la fierté de ces hommes je le cite :
« Pitié pour nous, forçats de guerre qui n’avions pas voulu cela, pour nous qui étions des hommes et désespérions de le redevenir. Ce que nous avons déjà fait…En vérité, c’est plus qu’on ne pouvait demander à des hommes. Et nous l’avons fait ».

Est-ce que le silence doit également recouvrir le souvenir ?
A nous donc rassemblés ici de diffuser et de continuer à porter la Mémoire, par nos différentes actions, des évènements et des hommes, quelle que soit leur nationalité, passés sur la crête des Eparges entre 1914 et 1918.

Pour la plupart d’entre-nous, Verdun symbolise « la grande bataille de la 1ère Guerre Mondiale ». Cent ans plus tard, ce terrible affrontement entre les armées françaises et allemandes est toujours ancré dans nos mémoires. En ce centenaire des Commémorations, n’oublions jamais toutes ces souffrances endurées par nos héros : les Poilus qui ont tant donné pour la Patrie et notre Liberté.

Ceux qui ont vécu ces terribles moments n’auraient jamais pu imaginer que tout recommencerait vingt ans plus tard…