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Libération de Louviers le 25 août 1944

Libération, François-Xavier Priollaud
François-Xavier Priollaud

Allocution de M. François-Xavier PRIOLLAUD

Maire de Louviers
Vice-Président de la Région Normandie

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le conseiller départemental,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs représentant les Autorités civiles et militaires,
Madame et Messieurs les Présidents d’Associations patriotiques,
Madame et Messieurs les Porte-Drapeaux,
Mesdames et Messieurs,

En ce 25 août, nous commérons réunis ici au Square Albert 1er, le 78e anniversaire de la Libération de Louviers. Le temps est passé, bientôt 80 ans, mais chaque instant de cette journée si particulière reste gravé à jamais dans la mémoire de ceux qui l’ont vécue. Car derrière la « grande Histoire », celle des batailles, il y aussi une multitude d’histoires personnelles ; ces « petites » histoires qui font la grande Histoire, plusieurs d’entre vous ici présents les ont vécues dans leur chair.

Le 25 août 1944, c’était un vendredi, après plus de 1500 jours d’occupation, notre ville est enfin libérée ; au petit matin, par une patrouille américaine de reconnaissance qui arrive la première. Elle passe par la rue de l’hôtel de ville et sera suivie par la 4e division blindée canadienne venue de la Haye Malherbe. Il y a tous ces avions qui survolent le ciel de Louviers, ces soldats dans les rues qui ne parlaient pas français, qui distribuaient des chewing-gums et quelques cigarettes. En somme, le retour à la vie, après des années d’obscurité.

Remontons le temps : nous sommes au printemps 1940, très exactement à la mi-mai lorsque l’armée allemande, qui a progressé jusqu’à Abbeville, menace désormais la Normandie, mettant un point d’orgue à cette « drôle de guerre » qui avait commencé quelques mois plus tôt.

Messieurs DUPUIS et LOUISE et leurs accompagnants.
Messieurs DUPUIS et LOUISE et leurs accompagnants.

Il suffira de quelques jours pour que tout s’accélère. À Louviers, ce samedi 8 juin 1940, même si les chalands sont peu nombreux, le marché se tient comme à son habitude sur la Place de la Halle. Mais dès le lendemain, le dimanche 9 juin, Muids et Venables sont pris. Heudebouville est menacé. Les premières bombes tombent sur Louviers, rue Massacre et rue du Bal-champêtre.

Les ponts d’Andé et de Saint-Pierre-du-Vauvray sautent dans la nuit. Andé et Hervequville seront pris dans la journée. Puis ce sera le tour du Vaudreuil, de Gaillon, d’Aubevoye et de Villers-sur-le-Roule.

À Louviers, le 10 juin, au petit matin, le maire Auguste Fromentin fait sonner le tocsin pour inciter les rares habitants encore présents à partir. Le dernier train quittera la gare à 6h10.

À partir de ce moment, plus rien ne sera jamais comme avant. Bombardée, incendiée, Louviers porte aujourd’hui encore les stigmates de ce traumatisme. Les cicatrices sont toujours là.

Durant quatre années, plus de 1500 jours, l’occupant installé à l’Hôtel de ville, soumettra les Lovériens à un quotidien de privations, de peurs, d’angoisses et d’humiliations. Quatre années de clandestinité durant lesquelles des Lovériens ont fait preuve d’un héroïsme qui force l’admiration.  René Espinousse, Pierre Hébert, Odette Kuene, Etienne Lafond-Masurel, le commissaire Arabeyre : ces noms résonnent dans nos esprits comme l’incarnation de ce qui fait la résistance. Je veux parler du refus de se résigner, et de l’attachement viscéral à la liberté. Je pense aussi au maire Auguste Fromentin qui, dans la clandestinité, imprime le « Patriote de l’Eure » et d’innombrables tracts pour les réseaux de résistance.

À ces Lovériens d’exception, nous leur devons la Croix de Guerre, qui sera remise à notre ville le 26 juin 1949 avec la citation suivante : « Très durement éprouvée par un bombardement meurtrier en 1940, a participé largement à la lutte contre l’occupant et a eu un de ses quartiers incendié par représailles par les Allemands et dix parmi les plus notables de ses habitants ont été déportés pour leur activité résistante et sont morts en déportation ».

Jean-Pierre Duvéré
Jean-Pierre Duvéré, adjoint au maire et Maître de cérémonie

Mesdames et Messieurs,

La libération de Louviers est une délivrance. Mais cette délivrance a eu un prix. D’abord le prix de la bataille de Normandie, commencée avec le débarquement allié du 6 juin 1944. Elle a constitué l’un des affrontements les plus sanglants de la seconde guerre mondiale, au même titre que Stalingrad. A son apogée, ce furent en effet deux millions d’hommes qui s’affrontèrent, soit à peu près autant que sur les rives de la Volga. La bataille de Normandie laissera derrière elle une région dévastée. A la fin de l’été 1944, notre région est meurtrie comme aucune autre par l’intensité des combats et la mort de 20 000 de ses habitants.

Ici même, la libération de Louviers a aussi sa part d’ombre. Car jusqu’à la fin, les Allemands tenteront de stopper l’avancée des alliés en bombardant la place du Champ de ville, le soir même du 25 août 1944, faisant six victimes auxquelles nous rendrons hommage dans un instant.

Mesdames et Messieurs,

L’actualité internationale nous a violemment rappelé que la guerre en Europe n’était pas à ranger dans les livres d’histoire. La période de paix et de stabilité que nous avons connue pendant plusieurs décennies sur notre continent pourrait bien n’avoir été qu’une parenthèse. Dans ce contexte troublé, celui d’un monde toujours plus brutal, imprévisible et ô combien dangereux, il nous faut puiser dans notre passé des enseignements pour le présent et pour l’avenir.

Rien n’est jamais écrit d’avance, dans un sens ou dans un autre. Souvenons-nous de nos héros Lovériens qui, avec d’autres, ont forcé le destin. Mais pour forcer le destin, encore faut-il avoir la conscience de son époque, la comprendre, la dominer. Ne pas se laisser porter par le flot du quotidien, sans prêter attention.

Il y a des périodes plus importantes que d’autres ; celle que nous traversons en fait partie. Et c’est pour cette raison que j’ai pris l’initiative de créer le Forum mondial « Normandie pour la Paix » dont la 5e édition, ouverte à tous et qui réunira des personnalités du monde entier, se tiendra à Caen les 23 et 24 septembre prochain. Cette année, le forum aura pour thème « A bas les murs : ces enfermements qui font les guerres ». Ce forum mondial, j’ai souhaité qu’il soit notre manière à nous, Normands, de remercier nos libérateurs. Une façon de leur dire que la Libération est un acquis qui se cultive. Que nombre d’entre eux ne sont pas morts pour rien. Aussi je forme le vœu que nos commémorations ne relèvent pas de l’exercice imposé mais portent en elles l’exigence de la responsabilité et l’éthique du courage.

Vive la République ! Vive la France !

Discours de Jean-Pierre Duvéré, adjoint au Maire et maître de cérémonie

Nous souhaitons la bienvenue à la Cheffe d’Escadron Pascaline TESIO remplaçant le Chef d’Escadron Marc BOUTON à la tête de la Compagnie de Gendarmerie de Louviers depuis le 1er Août. Pleine réussite, Commandante, dans vos nouvelles fonctions.

Monsieur le Maire
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs représentant les Autorités civiles et militaires
Mesdames et Messieurs en vos titres, grades et qualités
Madame et Messieurs les Présidents d’Associations patriotiques
Mesdames et Messieurs les Porte-drapeaux
Mesdames et Messieurs

Je vous invite au respect pour le cérémonial qui va se dérouler devant vous pour ce 25 août 2022, 78ème anniversaire de la libération de notre ville.

Ayons une pensée particulière pour toutes les victimes civiles et militaires, mais aussi pour les acteurs de ce conflit présents aujourd’hui parmi nous. Que l’hommage de la Nation soit rendu à nos libérateurs, mais aussi aux soldats, aux résistants et aux déportés ayant contribué à la libération de la France car il y a 78 ans aujourd’hui, notre ville se trouvait située au centre d’un immense mouvement de toutes les armées alliées.

Comme je le rappelle chaque année, c’est une patrouille américaine de reconnaissance qui arrive la première dans notre Cité. Elle passe par l’hôtel de ville et poursuit rapidement sa route. Elle est suivie par la 4ème Division Blindée Canadienne arrivant tout droit de La Haye Malherbe. Ce peloton reste quelques heures à Louviers et poursuit sa route vers Pont de l’Arche où se déroulent de sanglants combats en bordure de Seine, notamment la libération de Criquebeuf où le Major CRUMMER et ses hommes ont permis la libération des 65 otages prisonniers dans l’église du village, y compris le Maire et l’Abbé de l’époque.

En lisière de la forêt de Bord les combats furent intenses et l’installation d’un pont flottant le « Bailey Bridge » permis aux hommes du Major de traverser la Seine vers Sotteville-sous-le Val et de continuer la libération des villages environnants.

Au cours de l’après-midi du 25 août d’autres unités de la 30ème Division US arrivent par l’avenue du Maréchal LECLERC, à l’époque route du Neubourg. Elles traversent rapidement la ville pour rejoindre elles aussi la Seine.

Le 26 août les patrouilles de l’Escadron C du 15ème Régiment Ecossais de reconnaissance appartenant à la 15ème Division d’Infanterie Ecossaise du 12ème Corps Britannique arrivent à Louviers.

Notre ville est alors définitivement libérée et accueillera quelques jours plus tard son ancien Maire, ainsi que le Général de Gaulle.Soyons fiers de ce qu’ils ont fait et montrons-nous dignes de leur héritage en continuant à honorer, toutes origines confondues, ceux qui continuent à contribuer au dur chemin qui mène à la paix et, je pense à ce moment à tous nos soldats engagés dans les OPEX que mène en ce moment la France.